a forme pelucheuse oscille d'avant en arrière sur le bord de la table basse, puis dans un élan suicidaire inopiné, choit sur le parquet ciré. Qu'importe les jouets éparpillés d'un bout à l'autre du petit salon, Se Mi éclate d'un grand rire claire, amusée, avec l'idée que sa nouvelle peluche, plus qu'une alpiniste, s'en sortirait bien mieux dans une carrière d'acrobate.

▬ Ma puce tu as décidée de me refaire la décoration du salon?

Sans doute pas. Et sans doute qu'elle espérait pouvoir tout remettre en ordre avant son retour.
Ha Ni esquissa un sourire fatiguée. Fût un temps où elle aurait rouspété,  excédée par sa journée, son emploi, le désordre ambiant. Plus maintenant. Elle eût une petite moue; à mi-chemin entre l'amusement et la désapprobation. Elle était aujourd'hui habituée, Ha Ni, a découvrir les dernières frasques de sa fille.

▬ Regardes maman! J'ai fais des desseins avec In Su, et puis tonton a même goûter aux laits à la banane mais il aime pas ça. Il dit que c'est trop sucré. Tu trouves que c'est trop sucré, toi? Bah j'en ai laissé une dans le frigo-frigo. Et j'ai tout bien fais mes devoirs aussi!

Et puis sourit, l'enfant.
Perds tes mains dans la douceur de ses cheveux, offres lui ce sourire qui veut tout et rien dire à la fois, ramasses peluches et poupées colorées, et ne cherches pas à interrompre cette avalanche de propos enthousiastes, à endiguer ce flot de paroles rassurantes, aimantes; souris simplement et laisses la faire. Se Mi, elle avait ce don pour combler les vides. Un petit "je ne sais quoi" qui adoucit l'air d'une pièce et éclaire le creux des regards. Ha Ni, tu ne le connais que trop bien ce pouvoir là, n'est-ce pas? Perdue dans tes instincts de femme, dans ton cœur de mère. Dis Ha Ni, tu ne te l'imagines plus autrement, ton quotidien, ton petit monde. Toi, tu es ce genre de femme qui jongle entre anniversaire et vie professionnelle, un peu trop fantaisiste pour être une mère parfaite sans être vraiment mauvaise. Toi, t'as ce côté moderne qui exaspères de temps en temps et fait grincer des dents; t'aimes comme on ne t'as jamais apprit à aimer, et t'as un peu les mains pleines Ha Ni. Pleines d'elle, pleines d'amour, de rêve et de projet. Pleines à ne plus savoir quoi en faire. Au fond, t'as pas tellement avancée depuis tes dix huit ans.
Oui, elle a encore ce petit côté juvénile Ha Ni. Ces airs d'adolescentes sous son tailleur trop droit. Elle pourrait tendre les mains vers le ciel et accueillir le monde à bras ouverts , lâchée les études, les obligations sociales, les petits boulots ingrats.
Oui, elle pourrait.

▬ Je vois que tu as passée une très bonne journée. Distraitement elle déchaussa ses chaussures d'une main et libéra ses mèches brunes de leur chignon désordonné. Mais tu n'aurais pas oubliée un petit détail? Elle prit une voix faussement sérieuse, un peu moqueuse. Une visite importante par exemple.

Se Mi, elle fronce son nez sous le coup de la concentration, avant de sauter sur ses pieds pour lui emboîter le pas jusqu'à la cuisine.

▬ Eonnie vient manger à la maison!

Un tendre sourire étira les lèvres de la brune, la soirée promettait d'être plus longue que prévue.

« Elles ont ce sourire gracile. »
Ft Kim Ha Ni.

Te voilà enfin chez toi. Tu soupires de bien-être. Exceptionnellement, tu as fini plus tôt aujourd’hui. C’est une bonne chose, ainsi tu n’auras pas à courir pour te préparer. Tu as même le temps de glandouiller un peu –beaucoup-. Tu t’affales dans ton canapé, tu allumes la télé et tu commences à zapper. Aucun programme ne semble te convenir, tu mets donc une chaîne hasard et tu t’en vas à la kitchenette histoire d’aller chercher de quoi grignoter. Oui, c’est mal, tu ne devrais pas, pas à cette heure-ci en tout cas. Mais qu’importe. Tu ouvres donc un sachet de cacahuète tout en allant t’installer à nouveau sur le sofa, puis tu commences à manger. Tu manges un peu moins de la moitié du paquet avant de finalement poser le sur la table basse. Tu oublieras très certainement de le ranger avant de partir, mais qu’importe, tu as la flemme de te lever pour le moment. Tu recommences à zapper, avant de finalement décider du programme que tu laisseras : Une chaîne musicale. Tu t’allonges l’air de rien, oubliant presque que tu dois sortir ce soir et tu finis bien évidemment par t’endormir.
Tu te frottes doucement les yeux avant de t’étirer et réaliser que tu t’es assoupi. Tu regardes l’heure et là, tu réalises que c’est la merde, si tu te bouges pas maintenant, tu vas arriver en retard. Tu te lèves précipitamment. Un peu trop vite d’ailleurs puisque tu as la tête qui tourne. Puis tu cours à la salle de bain. Tu prends une bonne douche, sous laquelle tu restes peut-être un peu trop longtemps. Tu regardes à nouveau l’heure. Oops, effectivement dix minutes sous la douche, c’est plutôt excessif quand on est pressé. Tu retournes à la pièce principale qui te fait office de salon et de chambre à la recherche d’une tenue à enfiler. Tu prends le premier jean et le premier tee-shirt qui te passent sous la main et tu t’empresses de les enfiler. Seulement, voilà, C’est un haut de pyjama. Tu affiches une petite moue contrariée avant d’aller te changer. Tu es prête. Enfin presque. Tu prends ton sac à main, enfile une veste. Tu sors de chez toi, tu fermes la porte d’entrée. Et là, tu as réalisé que tu as oublié ton portable à l’intérieur. Tu ouvres donc pour pouvoir chercher ton GSM. Bizarrement, il n’est ni sur la table basse, ni à la salle de bain. Ou est-ce que tu as bien pu le mettre ? Ce n’est pas grand chez toi, c’est un studio. Au bout de cinq minutes, tu le trouves dans ton armoire sur une pile de linge. Cette fois-ci tout, est bon. Tu quittes ton petit studio et tu te mets en marche.
Tu arrives finalement à destination avec cinq minutes de retard, tu sais qu’elle ne t’en tiendra pas rigueur, m’enfin bon tu aurais bien aimé être à l’heure. Tu tapes à la porte. Lorsque celle-ci finit par s’ouvrir tu affiches un beau et grand sourire.

codage par Junnie sur apple-spring

a Ni aurait put sourire de cet air canaille qui lui allait si bien; lui tirer la langue pour lui souhaiter un bon retour à la maison, se jeter à son cou comme si elle retombait en enfance. Elle aurait put redessiner son nom sous tous les tons, en façonné le sens de la douceur d'un regard. Elle aurait put faire tout ça et plus encore. Elle aurait put l'accueillir d'une de ces répliques de drama dont elle raffolait tant, parodier l'introduction haute en couleur d'un talk show. Mais au fond, tout ça eut été hors de propos.
Il y a souvent ce petit quelque chose d'incongrue au sein de leurs entrevues. Un petit rien qui la renvoyait inévitablement six ans en arrière, un naturel déconcertant, la spontanéité d'un geste tendre. Quand elle riait en la prenant dans ses bras. Quand elles se vautraient sur le canapé, un pot de glace sur l'accoudoir, un sweat disgracieux sur le dos dans le seul but de regarder le dernier film de Lee Min Oh. Hae Won, sa unnie, celle qui plus que tout autre rythmait les folies de son quotidien.


▬ Unnie, tu as encore une trace de ta sieste sur la joue.

Elle rit doucement en posant ses lèvres sur sa joue glacée, se dirigeant vers le séjour en lui faisant signe de lui emboiter le pas. Espiègle. Ha Ni, elle avait toujours été cette petite soeur un peu trop moqueuse. Ha Ni, elle jouait doucement avec ses nerfs. Comme une sale habitude dont elle ne se débarrasserait jamais.

▬ La petite se douche à l'étage. Tu veux quelque chose à boire? Je crois qu'il me reste du soju et du lait fraise.

Elle déambule dans le salon fraichement ordonné et s'effondre sur les coussins  du canapé. Elle s'y niche avec un plaisir coupable, laisse son aînée s'installer, ébouriffe ses boucles folles. Drapée de son tablier trop grand, elle ramène ses genoux contre sa poitrine, détaillant les traits de son aînée, les sourcils légèrement froncés.

▬ Tu dors bien ce moment au moins? Tu m'as l'air fatiguée.

Comme si elle n'avait pas assez d'une enfant à materner. Ah, Ha Ni.

« Elles ont ce sourire gracile. »
Ft Kim Ha Ni.

▬ Unnie, tu as encore une trace de ta sieste sur la joue.

Eh mince. Elle ne te connait que trop bien. Alors qu’elle rigole doucement, ton sourire, lui, s’élargie, bien que tu lèves les yeux au ciel. Tu es heureuse. Heureuse de passer la soirée, ici, avec elle.
Après qu’elle ait posé ses lèvres sur ta joue, elle te fait signe de la suivre. Tu fermes la porte derrière toi, et ensemble, vous vous dirigez vers le salon.

▬ La petite se douche à l'étage. Tu veux quelque chose à boire? Je crois qu'il me reste du soju et du lait fraise.
▬ Je ne dirais pas non à un lait fraise.

Vous vous installez sur le canapé. Elle ébouriffe tes cheveux avant de se recroqueviller sur elle même. Elle te détail, fronce les sourcils. Tu sais déjà ce qu’elle va te dire. Oui. Ton sourire s’élargie alors encore un peu plus.  Toi aussi, tu la connais bien.

▬ Tu dors bien ce moment au moins? Tu m'as l'air fatiguée.
▬ C’est parce que je viens tout juste de me réveiller ça, ne t’en fait pas pour moi. Puis, tu sais comment je suis, j’ai toujours besoin d’un surplus de sommeil !

C’est bien vrai ça. Tu n’es pas particulièrement paresseuse. Tu es loin d’être une grosse feignasse. Mais tu aimes bien dormir. C’est un fait. Et tu as tendance à t’assoupir un peu trop souvent.

▬ Et toi alors ? Entre, le boulot, les études, et la petite, tu arrives à trouver du temps pour te reposer ?

Tu limites en fronçant les sourcils à ton tour. Après tout, elle aussi semble fatiguée, en même temps, la vie de jeune mère semble ne pas être de tout repos. Cependant, tu sais qu’elle a fait le bon choix en gardant l’enfant puisque c’est aujourd’hui une jeune femme épanouie.

codage par Junnie sur apple-spring